Histoire brève de la faculté de Médecine de Besançon.
Par Alain et Monique Neidhardt

 

L'Histoire s'accorde assez mal de la situation d'états ou de régions que l'on dit " tampons ". En témoignent la Lotharingie, la Pologne, peut-être l'Alsace !… Ainsi l'Université de Besançon devait-elle connaître les fluctuations parfois violentes des politiques de conquête des souverains européens. L'Université de Franche-Comté est née le 2 août 1287, avant de voir le jour !


Othon IV, comte de Bourgogne et féal de l'empereur Rodolphe I° de Habsbourg voulut la situer à Gray. Mais, c'est 135 ans plus tard, en juillet 1424, qu'elle ouvrit ses portes, à Dole, sous l'impulsion de Philippe le Bon et avec la bénédiction indispensable du Pape Martin V. De vocation internationale, elle embrassait d'emblée, les Arts Libéraux, le Droit et…la Médecine.


Les ravages français causés par le Dauphin Louis (XI) en Franche-Comté en 1479 s'accompagnèrent de la destruction de l'Université. En 1481, devenu roi, Louis, voyant se forger l'unité du comté et de la ville libre d'Empire par l'union prévue du dauphin Henri (VIII) et de Marguerite de Bourgogne, transféra l'Université à la ville-capitale régionale, Besançon. Henri VIII préféra les charmes d'Anne de Bretagne, le projet de transfert fut abandonné, de même que l'idée du médecin de Louis XI, Coictier, de la placer à Poligny, dans les murs du couvent des Jacobins. En 1484, sur décret royal, elle fut rendue à Dole. Les professeurs étaient choisis sur l'avis des étudiants et du recteur jusqu 'en 1503 puis par des " distributeurs " à la solde du prince ! Il faudra attendre 1617 pour voir imposer un concours sur questions aléatoires et présidé par le président du... parlement.


Prés d'un siècle plus tard en 1570, la création en médecine d'une deuxième chaire permit la répartition de l'enseignement en matières naturelles et non naturelles d'une part : anatomie, physiologie, chimie et hygiène et matières surnaturelles et médicales d'autre part : clinique et thérapeutique. Philippe II conforte l'évolution de la science médicale et veille à ce que les praticiens aient, pendant leur formation, " vescu très catholiquement ! " Le roi de France exigea en 1597 un diplôme universitaire de fin d'études. L'enseignement de l'anatomie, discipline devenue majeure, bénéficia en 1619 de la création d'une troisième chaire, occupée par Pierre Verney, protégé de l'Archiduc Albert d'Autriche et de Isabelle. Un tel parrainage permit d'affecter un amphithéâtre à l'enseignement pratique. Par sa tutelle, le Parlement de Dole impose en 1649 la rigueur : un " certificat authentique "est délivré par les président et recteur, pourvu du sceau de l'université. Il atteste du suivi des cours et de trois ans d'expérience pratique de la profession. La fin de la guerre de trente ans, suivie par la guerre de dix ans va perturber considérablement cette évolution jusque là harmonieuse.
La Franche-Comté, conquise par les Français et rendue à l'Espagne en 1668, au Congrès d'Aix-la-Chapelle, est reconquise avec violence en 1674 et de façon définitive suivant les accords de Nimègue en 1678. Le manque de " docilité " des Dolois et l'argent des Bisontins inclinèrent Sa Majesté Très Chrétienne à transférer l'Université à Besançon en 1691. L'école de Médecine devint royale !


En 1707, l' " Edit de Marly " réorganise les études et fait de l'Anatomie la discipline marquante des sciences médicales ; les stages en amphithéâtre de dissection sont obligatoires. Les " Chirurgiens Royaux Jurés " sont séparés de la corporation des " barbiers " depuis 1692 ! En 1747, l'impression d'une thèse est nécessaire pour faire valoir le grade de médecin. En 1773, une chaire de chirurgie est créée à l'hôpital du Saint-Esprit, dotée de six démonstrateurs. Les professeurs royaux sont recrutés aussi bien parmi les militaires que les civils locaux. Une année d'étude spécifique et trois années d'exercice permettent d'atteindre à la " Maîtrise ". Dix actes chirurgicaux menés à bien et homologués autorisent l'attribution du bonnet carré et de la robe que remet à l'impétrant le Lieutenant du Premier Chirurgien du Roi !


…Et en 1793, la révolution qui " n'avait pas besoin de savants " fait disparaître l'Université et par voie de conséquence, la faculté de Médecine ! L'enseignement prit alors des allures clandestines. Les champs de bataille de l'aire révolutionnaire et de l'Empire rendaient le Service de Santé des armées peu regardant sur l'orthodoxie des diplômes ! Il fallut attendre 1820 pour que réapparaisse une " Ecole Secondaire de Médecine ", Elle devint " Ecole Préparatoire de Médecine et de Pharmacie " le 31 mars 1841 par application de l'ordonnance royale du 13 octobre 1840. Cet état fut confirmé en 1889 et reconnu sous l'appellation d' " Ecole nationale " en 1955. Ce n'est que le 12 octobre 1966 que l'unité d'enseignement reconquiert le titre de faculté et en 1969 celui de " Faculté de Médecine et de Pharmacie ", après une éclipse de 173 ans.


en 2007 à Besançon



Sources :
J.P. Maurat, J. Royer : L'enseignement médical et pharmaceutique en Franche-Comté : Dole-Besançon. 1422-1997. Cêtre 1997, Besançon.
J.L. Clade : Médecins, Médecines et Superstitions dans la Franche-Comté d'autrefois et dans le pays de Montbelliard. Horvath - 1992.
Th. Ravard : Histoire et Médecins d Franche-Comté. - Cabédita ; collection Archives vivantes. 2002.
G. Coindre : Mon vieux Besançon. - Histoire pitoresque et intimed'une ville…Jacques & Demontriond , L.Cêtre, Besançon 1979.